Membres de l’échevinage
Parmi le patriciat scabinal de Saint-Omer, la famille de Wissocq est celle qui a compté le plus de membres de l’échevinage de toute l’histoire de cette cité : entre 1306 et 1502, 22 de ses membres ont été échevins ou mayeurs, totalisant ensemble une centaine de mandats, soit plus que les Sainte-Aldegonde (20 membres de l’échevinage), les Florent (14) ou encore les de Le Deverne (10), autres puissantes familles audomaroises [1].
Conditions pour devenir échevin
Ainsi que le fait connaître une ordonnance édictée en 1306, les conditions pour être échevin étaient les suivantes [2] :
- être bourgeois ;
- posséder au moins cinq livres tournois vaillant ;
- n’être pas bâtard ;
- n’être pas usurier ou prêteur d’argent ;
- n’avoir pas été condamné pour faux ni pour « vilain fait » ;
- enfin n’exercer aucun métier ni « ouvrer » de son corps pendant la durée des fonctions.
Concernant la première condition, l’historien J. de Pas apporte la clarification suivante : « Une question peut se poser au sujet de la réception de nobles à bourgeoisie. Ces deux mots noble et bourgeois semblent en effet se contredire pour ceux qui encore croient volontiers que le bourgeois ne peut être que roturier. Cette conception étroite ne correspond pas à la composition de nos villes flamandes où l’on a vu, dès le douzième siècle, des membres de familles féodales mêlés, en qualité de bourgeois, à l’organisation communale. [3] »
Et d’ajouter plus loin : « On voit d’ailleurs en ce moment et fréquemment des noms de personnages qui sont écuyers et qui prêtent le serment de bourgeoisie. »
Liste des membres de l’échevinage [4]
(légende : J = juré du commun, E = échevin, M = mayeur)
Par ordre alphabétique :
Antoine de Wissoc (ou Wissocq), écuyer : 1486, 92, 94, 96, 98, 1500, 02.
Clay : 1318.
Clay fils Simon : J1347, 49.
David, écuyer : 1479, 81, 83. – Fondateur de la chapelle Sainte-Croix dans l’église Sainte-Aldegonde.
Jakeme : 1310.
Jake fils Aubert : J1369, 74.
Jake fils Jehan, écuyer [5] : J1384, E1400, 02, 04, 06, 08, 10, 12, 14, 16, 18, 20 [6].
Jacques : 1485 (erreur [7]).
Jehan (« fils de Jehan le Brasseur ») : 1306 ; M. 1309.
Jehan : E1326, 28, 30, 32, 34, 36.
Jehan, écuyer [8] : J1362, 64, E69, 71, 73, 75, 77, 79, 81, 83, 85, 87, 89, 91, 93, 95, 97, 99, 1401. – Fondateur de l’hôpital Saint-Jean-Baptiste et d’une chapelle dans l’église Sainte-Aldegonde.
Jehan fils Nicole : J1412, 1414.
Lambert : J1317, 19.
Martin : désigné pour siéger comme échevin de Saint-Omer en 1631 [9] (et non 1641 comme l’écrit J. de Pas), Martin de Wissocq fut contraint de refuser cet honneur à cause des pertes essuyées pendant la guerre [10] : « Le sr de Bomy, ayant été élu échevin, remercia les électeurs de l’honneur qu’ils lui faisaient, mais les pria de l’excuser en considération de la perte qu’avaient subie ses terres en ce temps de guerre, ce qui l’obligeait à quitter la ville et à se retirer chez son beau-père, en Hainaut. On trouva que ses raisons étaient de poids et on le remplaça par un autre en le dispensant même de l’amende. » – Créé chevalier par lettres de l’archiduc Albert en 1614.
Nicole : E1353, 55, 57, 59, 61, 63, 65.
Nicole « au Brulle » : J1372.
Nicole, écuyer : E1373, 75, 77, 79, 81, 83.
Nicole, sr de Nieurlet : E1403 (Clay), 05 (Nicole, écuyer), 07, 09, 11, 13, 15, 17, 19, 21, 23, 25, 27 (cette année, il représenta avec Eustache de Morcamp et Hutin de Rebecque la ville à l’Assemblée des Etats de Flandre et d’Artois, à Valenciennes [11]), 29, 31 ; M. 1433, 35, 37, 39, 41 (mort le 12 juillet, remplacé par Jacques Lescot comme premier mayeur).
Nicole, écuyer : 1470, 72, 74, 76.
Pierre « le jouene » : J1308.
Pierre : J1320, 22, 24, 26, 28.
Simon « ou Brulle » : J1340, 44, 46, 48, 50, 52, 54.
Victor, écuyer : 1432, 34, 36, 38, 40, 42, 44, 46, 48, 50, 52, 54, 56, 58.
Willame : J1365, 67, E84 [12], 86, 88, 90, 92.
Argentiers
D’après E. Pagart d’Hermansart, « cette charge, qui était des plus honorables, fut remplie à l’origine par des échevins désignés à cet effet par leurs collègues de l’échevinage, ou par des échevins et même des mayeurs sortant d’exercice et généralement par des personnes issues des plus illustres familles de Saint-Omer, telles que les de Wissocq, de Morcamp, de Mussem (etc.). » [13]
Cet auteur donne la liste suivante [14] :
- Jehan de Wissoc : 1320, 1321-1324
- Jehan de Wissoc : 1365 à 1367
- Clay (ou Nicole) de Wissoc fils de Jehan : 1384 à 1387, 1393, 1420
[1] Liste des membres de l’échevinage de Saint-Omer (1144-1790) par Justin de Pas, in Mémoires de la Société des Antiquaires de la Morinie, tome 28, 1907.
[2] J. de Pas, Le bourgeois de Saint-Omer : sa condition juridique dans les institutions communales, E. Raoust, Lille, 1930, page 187. [voir sur Gallica]
[3] J. de Pas, Le bourgeois de Saint-Omer…, ouvrage cité, page 74. [voir sur Gallica]
[4] J. de Pas, Liste des membres de l’échevinage de Saint-Omer, ouvrage cité, page 340 (table générale des noms). [voir sur Gallica]
[5] Mention du titre d’écuyer pour Jacques à partir de 1402.
[6] Jacques de Wissocq était décédé en 1420 : cette nouvelle n’était-elle pas parvenue lors de l’élection ? Ou la liste établie par J. de Pas est-elle incorrecte pour l’année 1420 ? Quoi qu’il en soit, Jacques ne réapparait plus sur la liste lors de la mandature suivante.
[7] Il convient de lire Jacques Bissot, indiqué comme échevin dans la charte du Val de Sainte-Aldegonde n°677 du 30 juin 1486. D’ailleurs, J. de Pas indique bien Jacques Bissot comme échevin aux années 1487, 1488 et 1495. On trouve plusieurs actes qui confondent « Wissoc » et « Bissot », dont la lecture et sans doute la prononciation étaient proches.
[8] Mention du titre d’écuyer à partir de 1373 pour Jehan et Nicolle.
[9] Daniel Haigneré, Dictionnaire historique et archéologique du Pas-de-Calais, tome 3 (arrondissement de Saint-Omer), publié par la commission départementale des monuments historiques, Sueur-Charrey, Arras, 1883, p. 124. [voir sur Gallica]
[10] Justin de Pas, Mémoires de la Société des Antiquaires de la Morinie, tome 28, 1907, p. 169. [voir sur Gallica]
[11] J. de Pas renvoie à : Mémoires de la Société des Antiquaires de la Morinie, tome 18, 1883, p. 195. [voir sur Gallica]
[12] En remplacement de Jehan d’Octinzelle, mort le 8 janvier.
[13] E. Pagart d’Hermansart, Les officiers de ville attachés à l’ancienne administration municipale de Saint-Omer et les argentiers, 1302 à 1790, Saint-Omer, 1902, p. 20. [voir sur Gallica]
[14] E. Pagart d’Hermansart, Ibid., p. 80 à 82. [voir sur Gallica]