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Le couvent des Repenties

En 1480, un descendant du fondateur de l’hôpital Saint-Jean-Baptiste, Adrien de Wissocq, prêtre et chevalier de Jérusalem, émit le vœu avant de partir en voyage en Terre-Sainte de fonder un établissement religieux dans la Litte-Rue (aujourd’hui rue de Wissocq), à l’image de son arrière-grand-père.

Cet établissement, nommé la maison des filles de la Madeleine (ou plus couramment des Repenties), fut établi à son retour, entre 1483 et 1485 : il s’agissait « d’un lieu où, sous certaines conditions, étaient admises aux règles claustrales les filles qui, après avoir mené une vie dissolue, revenaient à des sentiments de moralité et de religion. [1] » Pour cette raison, le peuple donna à cette communauté le surnom de « Couvent des Pots-Cassés », et aux religieuses celui de « Madelonnettes. [2] »

Dès 1484, l’on fait venir de Lille deux religieuses pour diriger celles de Saint-Omer [3], mais l’acte de fondation ne semble avoir été passé qu’en 1485 (année qui correspond au décès de David de Wissocq, père du fondateur, le 16 novembre 1485).

Cet acte de fondation semble aujourd’hui perdu, mais il existait encore au XVIIe siècle (ou une copie), car il est cité par le généalogiste Jean Le Carpentier en 1664 : « Iean Parmentier [chanoine de Cambrai[4]], mentionné avec sa sœur Ieanne, & Adrian de Wissocq son mary en la fondation des Sœurs Pénitentes de S. Aumer, faite l’an 1485[5]. » Précisons qu’Adrien de Wissocq, cité comme mari de Jeanne Parmentier, ne peut pas être le fondateur, mais un parent homonyme, car ce dernier était déjà prêtre à cette date.

La même année, le Magistrat édicte que « le nombre de femmes repenties n’excèdera pas vingt. [6] »

D’après les notes du frère Jean Ballin sur l’histoire de Saint-Omer (manuscrit 799 de la bibliothèque de Saint-Omer), la première mère des Repenties fut Sœur Marie Bastien, originaire du Cateau-Cambrésis, dont le décès est enregistré le 26 avril 1531, « l’an 46e de son gouvernement, et aagé de 82 ans. » Cette citation permet de confirmer que le début de l’activité du couvent remonte bien à l’année 1485. La seconde mère du couvent fut Sœur Antoinette Pol, native de Boulogne [7].

 

Par une charte du 25 mai 1493, Adrien de Wissocq fait don au couvent des Repenties d’une maison dans la Litte-Rue, en mettant comme condition que cette maison reviendrait aux Chartreux du Val de Sainte-Aldegonde si la communauté de la Madeleine venait à disparaître[8] :

« Messire Adrien de Wissocq, prêtre, chevalier de Jérusalem, bourgeois de Saint-Omer, assisté de son avoué Jean Costard, donne et werpit à Jean Cocquillan, advoé pour et au nom et au prouffit des maistresse et sœurs de la Magdelaine que l’on dist Repenties… une maison estans en le Liste rue au lez zud, ayans yssue par une allée sur le Grosse Rue… par condition que s’il advenoit, que Dieu ne voeulle, que le cloistre desdites sœurs allast à néant, ou que il ne s’y tenisse aulcunes sœurs, en ce cas touttes icelles maisons, comme elle sera édifiée, retournera entièrement au pourffit des prieur et couvent des Chartreux… »

« Et aussy s’il advenoit que les parens et amys de demiselle Agnez de Villers, vesve dernièrement de feu Jacques de Morcamp, de Jacques de Morcamp, son filz, et de Alleames de le Noeufve Rue, et demiselle Magdaleine de Morcamp, sa femme, prendissent comme prosmes (proches) par proximité de lignaige ladite maison et héritaige, les deniers quy en viendroient seront et appartiendront du tout à messire Adrian… Ce fut fait et passé par devant eschevins d’icelle ville de St Omer : sre Jehan Cocquillan, sre Jehan Robert, sre Pierre Selinghe, Clay Stabon, et Jehan Caillette. Le XXVe jour de may, l’an mil IIIIc quatre vingts et treize. »

Cet acte est donné d’après un extrait du registre des ventes, arrentissements, werps, dressé par Jean Retanne, clerc du crime, extrait délivré le 10 octobre 1500. (Folio 360 v°.)

 

En 1502, les filles de la Madeleine demandent à l’évêque de Thérouanne de ne plus être sous l’autorité échevinale. En 1510, les religieuses passent avec le Magistrat une convention d’après laquelle celui-ci peut leur nommer un avoué qui aura charge d’administrer la maison conjointement avec les héritiers mâles d’Adrien de Wissocq [9].

 

Règlement de cette institution (1520) [10] :

Une bulle du pape Léon X, qui existe toujours, met la communauté sous la règle de Saint-Augustin. Ce règlement avait été préalablement soumis en 1514 à David d’Audenfort le Jeune, neveu et seul héritier du fondateur Adrien de Wissocq, avant d’être approuvé par le Magistrat de Saint-Omer puis, le 3 août 1515, par les vicaires du cardinal-évêque de Thérouanne, Philippe de Luxembourg, et le prévôt de Saint-Omer. François de Melun, prévôt de Saint-Omer et nouvel évêque de Thérouanne, y a apposé le sceau épiscopal le 6 mai 1519, tandis que la bulle papale y fut finalement attachée le 26 juillet 1520.

Ce manuscrit de 26 feuillets en parchemin, qui était entre les mains de Dom Charles Dewitte à la fin du XVIIIe siècle, est entré dans les archives de la Société des Antiquaires de la Morinie en 1890, par un don du chanoine O. Bled.

 

Fermeture du couvent et adjonction à l’hôpital Saint-Jean-Baptiste (1794)

Le couvent des Repenties n’était à l’origine séparé de l’hôpital Saint-Jean-Baptiste que par la ruelle Labourse. Les cloîtres et une portion des jardins ont plus tard été joints à cet hôpital.

La communauté fut fermée le 16 août 1791 ; elle comptait alors 17 « filles repenties » [11]. Peu après, le couvent fut adjoint à l’hôpital Saint-Jean-Baptiste, par l’arrêté du 24 nivôse an II (13 janvier 1794), comme le rappelle l’inscription commémorative sur la façade de cet hôpital.

 

[1] Jean Derheims, Histoire de la ville de Saint-Omer, Saint-Omer, 1843, p. 581. [voir en ligne]

[2] « Documents sur la maison des Repenties », in Bulletins de la Société des Antiquaires de la Morinie, vol. 13, années 1912 à 1922, p. 44. [voir sur Gallica]

[3] Archives de Saint-Omer, Table des Délibérations, p. 627.

[4] Jean Le Parmentier, prêtre natif de Montdidier, docteur en théologie, confesseur de Marie duchesse de Bourgogne (1457-1482), et chanoine de Cambrai et du chapitre de Sainte-Waudru à Mons (1478). Il est mort le 23 mai 1490, après avoir fait un testament le 20 août 1474 à l’abbaye Notre-Dame de Boulogne  (Bulletins de la Société d’études de la province de Cambrai, volume 40, 1945, p. 24).

[5] J. Le Carpentier, Histoire généalogique des Païs-Bas ou Histoire de Cambray et du Cambrésis, Partie II : De l’estat ecclésiastique de Cambray, Leide, 1664, page 474.

[6] Archives de Saint-Omer, Table des Délibérations.

[7] Bulletins de la Société des Antiquaires de la Morinie, vol. 5, 1876, p. 587. [voir sur Gallica]

[8] Justin de Pas, Cartulaire de la Chartreuse du Val de Sainte-Aldegonde, d’après le ms 901 de la Bibliothèque de Saint-Omer, 1905, charte n°683, p. 204. [voir sur Gallica]

[9] Documents sur la maison des Repenties, p. 44 et suiv.

[10] Documents sur la maison des Repenties, p. 44 et suiv.

[11] Jean Derheims, Histoire de la ville de Saint-Omer, Saint-Omer, 1843, p. 581.